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Taubira-ci, Taubira-là : une niaiserie citoyenne pour un cabotinage politique

Taubi or not Taubi ?
Voilà, soi-disant, la grande question existentielle de l’électorat de gauche en cette fin de janvier. Soi-disant, car la partie vivante, politiquement, de l’électorat de gauche a déjà investi ses candidats et est sur le terrain depuis longtemps.

Mais voilà le spectre politique à gauche se retrouve, en dernier lieu, encombré d’une usine à gaz promotionnelle, non d’une idée – candidature unique à gauche - comme elle essaie de le faire croire, mais bien d’une personne qui, paradoxalement, nous racontait courant décembre d’avoir pour seule ambition d’être la candidate de l’unité de la gauche et qui, fin janvier, au mépris de ses propres mots, nous annonce que si le sondage primeur l’investit elle rajoutera sa candidature à celles de gauche déjà présentes. Il est vrai que l’insolence et l’arrogance, pour ne pas dire le cynisme, comme moteurs d’un narcissisme finalement dévoilé, n’est pas une originalité dans le monde politique. La gauche connaît tout le drame résultant d’une telle attitude car elle n’a jamais oublié l’élection présidentielle de 2002 au cours de laquelle, tout simplement, les voix de la candidature, déjà, de Taubira auraient permis à la gauche d’être présente au second tour et surtout d’empêcher, pour la première fois, à un candidat d’extrême droite d’y être représenté. Un tsunami politique au sein de la Vième République. Un vrai traumatisme démocratique : au pays de la Révolution, des Droits de l’Homme et de la République, l’extrême droite est démocratiquement présente à l’étape ultime de l’élection majeure de son régime. Ce trauma n’a jamais été traité par la gauche, et vingt ans après, celle-ci, toutes tendances associées, ne représente plus que 25% du panel sondé alors que l’extrême droite caracole à 30%.
Des dizaines de milliers d’électeurs potentiels viennent, dans la précipitation des derniers jours, de s’inscrire afin de participer à un sondage indicatif d’une préférence purement émotionnelle alors qu’on leur fait croire qu’ils vont être l’expression d’une rénovation politique de démocratie participative. La seule démocratie participative, dans une démocratie, est celle des corps intermédiaires : partis politiques, syndicats, associations, coopératives, mutuelles. Il est quand même étonnant que les militants de ces différents corps intermédiaires, créateurs d’intelligence collective, toujours le nez dans le guidon pour préserver l’intérêt général, au service de toutes et de tous, n’auraient plus leurs mots à dire en période électorale et que seules et seuls des intermittents de la chose publique aient droit à la parole. Simple rappel, le macronisme, version localo-française du néolibéralisme, a tout fait pour éliminer les corps intermédiaires de la vie publique au nom de l’idéologie de la gouvernance des experts. Bien évidemment, quel que soit le résultat du sondage primeur, même si on se doute déjà de celui-ci, on nous expliquera qu’il est le plus légitime de tous car l’expression d’une commune décision libre et autonome. Bien évidemment on nous cache que les soi-disant 400 000 inscrits ne représentent que 1% de l’électorat et qu’avec un tel rapport la légitimité du résultat est aussi forte que l’ordre de grandeur de ce dernier. Et que celles et ceux qui auront voté pour le candidat ou la candidate non investi(e) se verront cautionner la candidature de celle ou celui qui sera le candidat ou la candidate de la Primaire Populaire. En tout état de cause nous savons toutes et tous qu’aucun candidat de gauche ne sera au second tour de l’élection présidentielle. Par contre les paris sont ouverts pour voir, au moment des législatives, quelques opportunistes parmi les responsables de la Primaire Populaire s’appuyer sur la participation à ce sondage primeur ainsi qu’au résultat de leur candidat(e) lors du premier tour pour décrocher une circonscription favorable. C’est tout le drame de ce genre d’initiative où, sous couvert de démocratie participative, les seuls gagnants sont celles et ceux qui, dans l’ombre et les coulisses, manipulent à une seule fin personnelle. Comme toujours les grands perdants seront les abusés de cette mésaventure.
Quant à Taubira, qui profite du soutien de la Primaire Populaire, elle n’est rien d’autre qu’une cabotine du déjà triste spectacle à voir, du moins à gauche, pour cette élection majeure de notre République.

En tout état de cause, cette élection sera la prémisse d’un chambardement historique pour la gauche car viendront, rapidement, dès les législatives réalisées, les temps d’une réédification où nous serons obligés, qu’on le veuille ou non, à faire des choix incontournables parce que obligatoires car indispensables si on veut que la gauche démocratique sorte du bourbier actuel.

CAZOTTES Jean-Marc, samedi 29 janvier 2022

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