Les hebdos de BENOIST

Parc naturel régional du Haut-Languedoc : l’heure de vérité pour Pascal Bugis

Ce lundi 13 février, la communauté d’agglomération de Castres-Mazamet (CACM) est à nouveau invitée à se prononcer, une semaine après la séance houleuse du 6 février, sur la charte du PNR du Haut-Languedoc. Pour celles et ceux qui se perdent un peu dans ce dossier, rappelons qu’à ce jour, sur les 121 communes du périmètre de la nouvelle charte, 114 l’ont déjà validée et 5 doivent encore délibérer d’ici la date-butoir du 17 février. Après plus de trois ans d’élaboration, seules deux communes, dont Mazamet, ont rejetée ce texte. Parmi ces 114 communes, 10, membres de la CACM, ont déjà ratifié cette charte : un vote négatif (ou favorable avec réserves, ce qui revient au même) des élus communautaires les exclurait du périmètre du parc, ainsi que 9 autres communes tarnaises, du fait de la discontinuité territoriale engendrée. Castres n’appartient pas au parc, mais ses délégués étant majoritaires, c’est sa décision qui détermine l’avenir de la partie tarnaise du parc. Cependant, à la veille de ce second vote, rien n’indique malheureusement que Pascal Bugis ait décidé de sortir de l’isolement dans lequel le plonge son refus de voter le texte, ou juste de s’abstenir. Pourtant, on voit mal comment il pourrait rester sur une ligne de soutien absolu à Laurent Bonneville, maire de Mazamet, alors que l’ensemble des communes et des collectivités concernées lui demandent légitimement de ne pas remettre en cause leur décision d’appartenir au parc, alors que la droite départementale est vent debout et vote à l’unanimité une résolution du Conseil Général en faveur du PNR, alors qu’on en appelle même au ministre de l’environnement pour tenter de trouver, in extremis, une solution à la crise politique majeure qui s’est ouverte cette semaine.

Ce n’est pourtant pas faute d’avoir, avec d’autres, prévenu Pascal Bugis et les élus castrais des conséquences possibles de leur vote. Mais que voulez-vous : cela fait à peine deux semaines que Nicolas Sarkozy a annoncé à la télévision ses mesures destinées à doper la compétitivité de nos entreprises, dont la fameuse TVA sociale. Et voilà que dans le sud-Tarn, répondant fièrement à son appel, la TPE Pascal Bugis s’est lancée bille en tête à l’export, avec pour premières conséquences, excusez du peu, la menace sérieuse de faire voler en éclats non seulement un parc régional qui existe depuis quarante ans, mais aussi la communauté d’agglomération et le SCOT du Pays d’Autan... Cela fait beaucoup pour un seul homme. Pour des raisons qui restent encore à éclairer, Pascal Bugis à préféré le conflit ouvert à la recherche du consensus, qui est pourtant inscrite dans l’histoire même de la CACM. Une fois de plus, il a opté pour le combat, au lieu de favoriser le compromis. Le problème, c’est qu’en agissant ainsi, il nous entraîne tous dans son isolement, alors qu’en tant que ville principale du sud-Tarn, Castres devrait plutôt jouer un rôle de locomotive pour ce territoire. Las, le train est à quai, et l’attitude stérile de son conducteur risque bien de l’immobiliser pour un long moment.

Lundi dernier, j’avais à mes côtés un habitant de Massaguel, qui a passé la soirée à se tourner vers moi pour m’exprimer son incrédulité face à l’attitude du maire de Castres : « C’est pas possible ! », « c’est pas possible ! » n’a-t-il cessé de répéter. Il faut dire que l’argumentation développée par le président de la CACM a peiné à convaincre, c’est le moins qu’on puisse dire. Il a dans un premier temps tenté de masquer derrière des considérations juridiques les préoccupations politiques qui constituent le nœud de cette affaire. Peine perdue : personne, hormis les convaincus, ne l’a suivi dans sa démonstration d’un parc qui n’existerait plus depuis l’expiration de la charte précédente. Notons au passage le caractère admirable de la plaidoirie : on ne peut m’accuser d’être le fossoyeur d’un parc qui n’existe déjà plus. Sublime, mais fragile... Daniel Vialelle, le président du parc, lui a patiemment expliqué que cette situation était commune à toutes les phases de renouvellement des chartes, pour l’ensemble des PNR. Autrement dit, les parcs sont comme les rois capétiens. De même que la monarchie ne disparaît pas avec le corps du monarque défunt, les parcs survivent à leurs chartes, limitées dans le temps. Le parc est mort ? Vive le parc ! pourrait-on dire, comme les crieurs de rue de l’ancien régime allaient hurlant : le roi est mort ? Vive le roi !

Ensuite, Pascal Bugis a tenté d’imposer l’idée que la charte allait imposer ses règles d’urbanisme à la ville de Castres. Là encore, Daniel Vialelle a tenté de le rassurer en lui démontrant, textes à l’appui, que la la charte ne s’imposait pas au SCOT du Pays d’Autan, et que de toute manière, elle était moins contraignante que le SCOT. Rappelons au besoin que ce SCOT, qui préconise pour la construction de maisons individuelles de limiter à 700m² la taille des terrains, n’empêche en rien la mairie de Castres de proposer à la vente des parcelles de 2000m² dans le lotissement « les Terrasses du Lézert ». C’est dire.

Acculé, Pascal Bugis a fini par avouer que s’il s’oppose ainsi à la charte, c’est uniquement parce qu’il ne veut surtout pas que les Castrais voient depuis leurs fenêtres des éoliennes sur la Montagne noire. Le problème, c’est que la charte protège justement notre territoire du développement de l’éolien industriel. Les 300 mâts que préconisent ce texte de compromis sont un plafond. Sans charte, sans travail commun pour fixer le nombre et les zones d’installation des mâts, une explosion de leur nombre est malheureusement prévisible, et les chevaliers blancs de la lutte contre les éoliennes deviendront de fait les principaux artisans de leur développement... En soutenant cette position, Pascal Bugis se faisait le porte-parole de Laurent Bonneville, dont tous ceux qui ont assisté à la séance de lundi dernier à la com d’agglo ont pu découvrir l’intransigeance sur cette question. Alors que Pascal Bugis laissait entendre qu’un compromis aurait pu être trouvé autour de 250 mâts (c’est à dire les 196 existant plus la cinquantaine de permis de construire déjà accordés), le maire de Mazamet s’est emporté : « ce n’est pas 250, ni 150, ni 50, mais zéro éolienne qu’il nous faut ! ». On a vu positionnement plus ouvert. Et c’est quand-même formidable qu’un chaud partisan de l’autoroute concédée entre Castres et Toulouse, qui n’a eu de cesse de décrire les opposants au projet comme des irresponsables égoïstes qui ne voulaient surtout pas de l’autoroute « dans leur jardin », s’adonne ainsi à l’attitude nimbyste.

On a bien senti que l’intervention de Laurent Bonneville mettait à mal la stratégie de Pascal Bugis, fondée sur l’idée qu’il offrait, en demandant un délai supplémentaire pour discuter du texte, une « porte de sortie » à la crise qu’il avait lui-même créée. Mais chacun a compris que cette proposition n’était qu’une impasse : comment croire que des discussions supplémentaires aboutiraient à un consensus que plusieurs années d’échanges, durant lesquelles les élus de Castres et de Mazamet auront surtout brillé par leur absence, n’ont pas permis de dégager ?

À la sortie de la séance, la colère se lisait sur beaucoup de visages. Mon nouvel ami de Massaguel m’a demandé : « mais au fond, comment vous expliquez l’attitude du maire de Castres ? ». Sur le coup, j’ai eu du mal à lui répondre. Le moment est venu de formuler quelques hypothèses. Bien sûr, on peut penser que l’attitude dévastatrice du président de la CACM est d’abord liée à sa volonté de ne pas briser son alliance politique avec le maire de Mazamet. Bien sûr, on peut aussi considérer que Pascal Bugis se fait l’exécuteur des basses œuvres de Bernard Carayon. Soit. Mais je pense qu’il faut chercher ailleurs. Au fond, Pascal Bugis est un homme qui construit depuis plusieurs années sa communication politique sur l’idée qu’il est le seul (j’insiste sur ce mot) qui sait, au nom de l’intérêt supposé de ses administrés, s’opposer à tous ceux qui veulent nuire à la ville de Castres. La manière même dont il a conduit les débats lundi dernier est à ce titre éclairante. Ce caractère solitaire est à nouveau apparu en pleine lumière : en dehors de Monsieur Bugis, aucun élu castrais n’a pris la parole. Aucun. Le président de la CACM est resté sourd à tous les appels à la solidarité exprimés par les maires des communes ne souhaitant pas quitter le parc. Seul, terriblement seul, engoncé dans son costume de défenseur unique des intérêts castrais. Cette dimension « seul contre tous », le maire de Castres l’a ensuite très bien exprimée dans sa manière de présenter le vote aux délégués de la CACM, en affirmant qu’il s’agissait de choisir entre le « texte Bugis » (la version amendée de la charte) et le texte « Malvy » (le texte initial). Bugis contre le Conseil Régional... On avait déjà eu, à maintes reprises, « Bugis contre le Conseil Général ». On avait déjà eu, bien entendu, « Bugis contre la Lyonnaise des eaux ». On avait eu, aussi, « Bugis contre les MJC », « Bugis contre la régie de quartier d’Aillot-Bisseous... ». Si je vous rappelle ces différents épisodes, c’est parce qu’ils participent, tous, de la construction d’un positionnement politique, qui vise à mettre le maire de Castres en première ligne de combats qu’il prétend ne pas avoir voulu, mais qu’il se créé au final tout seul. Le problème, c’est que désormais, la ficelle est tellement grosse qu’elle ne prend plus. Et maintenant ? L’immense majorité des élus de ce département, de gauche comme de droite, ont pris position contre le maire de Castres. Et si le gouvernement accepte de participer à une forme de médiation, va-t-on avoir « Bugis contre le ministère de l’environnement » ? Jusqu’où est-il prêt à aller ? Et avec quelles conséquences ? Car il nous faut bien nous souvenir d’une chose : pour au moins deux ans encore, Pascal Bugis entraîne avec lui l’ensemble des habitants de Castres dans ses stratégies politiques hasardeuses. Mais cette fois-ci, sans doute sans en avoir mesuré tous les risques, c’est l’ensemble du département qu’il conduit à la crise – avec des conséquences bien au-delà de ses frontières. Il est temps pour le soldat Pascal Bugis de ranger les armes et de reprendre la voie de la raison politique : chaque combattant découvre un jour ses propres limites, non ?

Commentaires

1 Message

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    par Lauren Thiel | 23 août 2017, 23:15