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Néolibéralisme : L’hubris technocratique

" Quand les bêtes que tu installes dans une étable meurent l’une après l’autre, ne te penche pas sur elles pour chercher la cause du mal. Penche-toi sur l’étable et brûle-la." Antoine de SAINT-EXUPERY, Citadelle, Folio 3367, page 100

Gérard COLLOMB, ex Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur, ex numéro 2 des premiers gouvernements PHILIPPE 1 et PHILIPPE 2 de la Macronie, déserte Paris, capitale de la France, pour Lyon-Lugdunum, capitale des Gaules. Quitter Versailles, retrouver sa baronnie.

Après Bayrou, ex numéro 4, après Hulot, ex numéro 3, c’est au tour du numéro 2. Tous les trois Ministres d’Etat : le premier, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice ; le second, Ministre de la Transition écologique et solidaire ; le troisième Ministre de l’Intérieur. Deux ministères régaliens, piliers primordiaux de la République, un ministère fondamental des temps présents. Tout est symbole en politique et là, pour le coup, c’est bien le socle républicain qui est touché, ébranlé : chronique d’une destruction annoncée.

Le néolibéralisme n’a que faire du passé, la République, ni de l’avenir, la transition écologique. Depuis la fin des années 80, insidieusement, s’est installée dans notre République une porosité malsaine, pernicieuse et nuisible, entre les possédants économiques et la Haute Fonction Publique. Petit à petit, à coup de pantouflage dans le privé, d’allers et retours incessants selon la conjoncture politique, quelques serviteurs de l’Etat, et non des moindres, sont devenus, d’abord et avant tout, les majordomes, au sein de l’Etat, du seul monde économique.

Le néolibéralisme n’est rien d’autre que l’accaparement du pouvoir par quelques-uns, les possédants, par l’entremise du haut du panier de la « caste énarchique ». Trois décennies plus tard les démocraties libérales, noyautées de l’intérieur, se sont transformées en une technostructure bouffie de narcissisme, d’orgueil, de mépris et d’ arrogance. A notre bon souvenir les mots présidentiels : « Alcooliques, illettrés, riens, fainéants, réfractaires. Qu’ils viennent me chercher. » Et bien d’autres.

« Humilité » a rappelé Gérard COLLOMB, quelques jours avant de démissionner du gouvernement. Hubris a répondu le gouvernement : à ce jour et à cette heure pas de nouveau Ministre de l’Intérieur ; à ce jour et à cette heure, une seule préoccupation pour le gouvernement : la privatisation de deux sociétés rentables pour l’Etat – La Française des jeux et l’aéroport de Paris – au seul bénéfice des premiers de cordée du Nouveau Monde. Simple retour d’ascenseur.

CAZOTTES Jean-Marc, le jeudi 4 octobre 2018

P.-S.

Tribune libre du vendredi 27 octobre 2018 : « Force est de constater, peu de mois après, que les orientations politiques, à coup d’ordonnances faisant de l’Assemblée Nationale une simple chambre d’enregistrement, ne sont ni de gauche et ni de gauche. Mais bien de droite et de droite : renforcement de l’individualisme méthodologique du néolibéralisme remplaçant la loi par le contrat, individuation des rapports sociaux, culpabilisation des laissés pour compte de la société, politique sécuritaire en intégrant certaines dispositions administratives exceptionnelles de l’état d’urgence dans le droit commun faisant de chacune et chacun de nous une menace pour la sécurité publique, politique fiscale au seul bénéfice des rentiers et autres actionnaires, politique économique de l’offre au seul service des entreprises. En route vers la société de marché, sécuritaire et duale. Le grand retour d’une société de classes. »

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