la tribune libre

Les balles du 14 juillet 2011

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« cette dame » a un nom. Comme tout une chacune. Un joli nom d’ici, d’ailleurs. Et ce depuis neuf lustres.

Neuf lustres, cela devrait suffire à éclairer, même le plus franchouillard des patriotes ataviques, sur l’évidente francité de « cette dame ». Il semblerait que non, à lire ces derniers jours dans divers quotidiens, ou à entendre sur multiples radios, sous couvert de petites phrases, des injures qui fleurent fort la xénophobie. Il est vrai que depuis l’été 2010 c’est très tendance. Après le rom, lauréat permanent, c’est au tour du binational. Il faut bien reconnaître qu’avec les polskis, les russkoffs, les ritals, les gnacoués, les nègres, et les gris, déjà primés, il ne nous reste pas grand-chose. L’été prochain, peut-être, les monnaiegasques ou autres andeurorans. Rien n’est moins sûr cependant : « Touchez pas au grisbi » étant toujours un des fleurons de notre culture nationale.

Cette digression étant faite, revenons à ce qui nous préoccupe : les mâles du 14 juillet 2011. Pas ceux qui défilent en treillis bariolés et rangers cirés sur les Champs-Elysées, comme chaque année. En noir et blanc au temps de l’ORTF, en couleurs HD dorénavant. Pas ceux-là, les autres. Ceux de la tribune. Officielle ou éditoriale. Le premier des ministres, FILLON, et l’éditocrate, JOFFRIN. Car de l’extravagante partie de castagnes verbales ou écrites qui a noirci les journaux papiers et meublé les antennes radio et télé, de toutes les vilénies et autres abjectes vacheries lues ou entendues, deux méritent toute notre attention : « cette dame » et « jardin bio ».

Deux vraies balles traçantes. L’une venant naturellement de droite, l’autre, paradoxalement, de gauche. Du moins, du Nouvel Obs. Pendant que la piétaille piétine le texte, ces deux là, affaire d’ordre, de leur hauteur médiacratique, agonisent l’auteure. Moyen-Age postmoderne : brûlons la sorcière. Pour les idées, on verra plus tard, à la Renaissance.

Pour FILLON, noblesse républicaine oblige, de la distance. En direct, mais d’un autre monde, comme il se doit. D’Afrique, pour le coup. Loin du front, l’Etat-Major. De la distance donc : pas Madame, mais « cette dame ». Conservateur ce fils de notaire quand il parle d’une ex-fille au pair. Pas très classe, mais très caste, l’héritier. Pénélope, sa conjointe, galloise venue d’Albion, devrait, comme Carla, née italienne, et toutes celles qui ont épousé la France par amour, méditer sérieusement la sentence de son homme de mari sur ces dames venues d’ailleurs n’ayant « pas une culture très ancienne des traditions françaises, des valeurs françaises, de l’histoire française. »

Pour JOFFRIN, beaucoup moins de distance, mais suffisamment toutefois. Celle d’un tirailleur embusqué. Ce franc-tireur social-démocrate averti semblerait, le temps d’un mercato d’éditorialistes, devenu sniper social-conservateur converti. Le FA-MAS a remplacé le Montblanc, la baïonnette la plume. On le pensait nouvel observateur, le voilà néo-obscurantiste : la femme au jardin, pas au scrutin. La naïve aux endives, l’ inconséquente aux amaranthes. Toute une évolution : de la cuisine au jardin. On aère. Un point positif néanmoins, il serait bio. Le jardin.

Deux hommes. Une Dame.

« cette dame » a un nom, elle s’appelle JOLY, Eva JOLY. Madame Eva JOLY. Et pour nous c’est Eva.

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