Début février
L’Italie est touchée, ainsi que l’Iran, et il paraît que les cas se multiplient très vite.
Pourquoi ces deux pays plutôt que d’autres ? Peut-être parce qu’ils ont eu plus de contacts ces derniers temps avec la Chine ? En tous cas on commence à dire qu’il pourrait y avoir des problèmes avec leurs systèmes de santé, qui risqueraient ne pas supporter l’afflux de malades. Oui, mais l’Iran est notoirement affaibli avec le blocus américain, le réseau hospitalier italien du nord a souffert des restrictions budgétaires, et dans le sud, il est carrément sinistré : on connaît sa misère, sa mafia, ce n’est plus vraiment l’Europe, là-bas...
Et puis on parle beaucoup du Diamond Princess, ce navire de croisière américain bloqué dans un port japonais, suite au diagnostic de coronavirus. Quoi faire ? Évacuer les passagers ? Décision est prise de les laisser en quarantaine sur leur ville flottante. Ils sont donc confinés dans leurs cabines. C’est une sorte de terrible laboratoire de la contamination : jour après jour, ils tombent malades : le 11 février, ils sont déjà 175 sur 3700 à être positifs au virus, et le 19, ils sont 600.
On sent que quelque chose de dingue est en train d’arriver, bien que ce soit un cas à part, ce bateau, une sorte de microcosme, un incubateur de maladie.
Il ne faut pas généraliser...
On apprend aussi l’écroulement de toute l’activité manufacturière en Chine. Ça devient sérieux, quand on se représente les milliers et les milliers de containers sur les cargos géants arrivant de Chine depuis des années pour ravitailler en marchandises nos sociétés de consommation gloutonnes.
Quelque chose est en train de changer.
En France, il y a aussi quelques cas, dans l’Oise et en Savoie : des personnes revenant de Chine pour le travail.
Mi-février
Déjà 40 cas en France, et un mort, le tout premier en Europe. A cette date, il y a 3 morts hors d’Asie, mais déjà 1 400 en Chine.
Fin février
Dans le monde, on recense déjà 80 000 cas et 2 700 décès, dans 40 pays, et l’Europe est progressivement de plus en plus touchée, avec 300 cas en Italie, qui prend de très sérieuses mesures sanitaires en confinant la Lombardie, puis, quelques jours après, l’ensemble du pays. C’est une première en Europe.
Ça parait fou, si près de nous.
Ce qui est curieux, c’est la superposition entre la carte de la contamination progressive dans le monde, et la carte des échanges aériens.
En fait, c’est la frénésie de voyages qui transporte de virus : la mondialisation, avec ses secteurs privilégiés, comme le tourisme et les affaires, se retourne contre elle-même, s’auto-dévore.
En France, l’épidémie se développe progressivement dans le Grand-Est, en Île-de-France, et dans le Nord.
On en parle de plus en plus, on voit bien que ça se rapproche. Sur les plateaux télé les spécialistes s’enchaînent : ils sont très modestes, ne savent pas trop, même la très souriante et sympathique directrice d’un organisme officiel de santé. Elle a du mal à répondre aux questions des journalistes.
C’est le flou. Le flou artistique.
Mais par chez nous, dans le Tarn, il n’y a quasiment pas de cas et l’on se sent encore tranquille, bien qu’il soit conseillé d’acheter du gel hydroalcoolique et de se laver les mains. Pourtant, ici, ces nouvelles consignes ne prennent pas encore vraiment.
On se dit que c’est une méchante grippe, et puis il y a vraiment peu de morts. N’oublions pas que la grippe saisonnière tue 10 000 personnes par an en France, et 250 000 dans tout le monde. Alors on ne s’inquiète pas.
| A suivre |
Eveline GRIEDER
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