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le fiasco des "leaders mondiaux"

COPENHAGUE : rhétorique de riches

pantalonnade au Bella Center

La 15ème Conférence des Parties (COP) de la Convention Cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques s’est terminée ce samedi 19 décembre 2009 par un fiasco lamentable : un accord purement politicien, imposé par une sorte de G20 élargi, aux 193 pays participants : aucun objectif, aucune contrainte, aucune mesure chiffrée. Le pire est arrivé. L’inimaginable s’est réalisé.

Y a pas photo

Contrairement au rituel des sommets internationaux, cette fois-ci pas de photo officielle de l’ensemble des chefs d’états et de gouvernements participant à la conférence.

Et pour cause : un faux accord minimaliste pour un vrai désaccord global.

Y a pas photo… entre les attentes et les dispositions de cet accord de la honte.

Aucun engagement chiffré :

 rien sur la hauteur de la réduction des émissions de gaz à effet de serre

 aucune date sur la cessation de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre

 participation réduite de l’aide des pays riches au soutien à l’adaptation des pays en développement aux impacts du réchauffement. Soit 30 mds de dollars sur trois ans (2010-2012) puis une augmentation progressive jusqu’à 100 mds d’euros en 2020 au lieu des 100 mds d’euro annuels d’aujourd’hui à 2020.

Les politiciens des pays riches parlent, parlent, parlent… mais n’agissent pas

La faute aux autres

Bien évidemment l’échec de Copenhague aurait des responsables que certains, sans aucune vergogne, dénoncent sitôt leur sortie en catimini du Bella Center.

Pour Sarkozy et son ministre de l’écologie, Borloo, c’est la faute à l’ONU et son fonctionnement consensuel, espérant faire oublier que les Etats-Unis, suite au discours désastreux d’Obama, incapable de sortir de l’ornière de l’égoïsme national, que la France, incapable de faire, pour l’Europe, des propositions ambitieuses engageant la confiance des pays en développement, sont les principaux responsables de cet échec.

Pour Jouanno, secrétaire d’état à l’écologie, c’est la faute à la Chine et à l’Inde et leur souci de souveraineté nationale, espérant faire oublier que les principaux émetteurs de gaz à effet de serre sont les pays développés avec 20 tonnes de C02 par habitant pour les USA, 10 pour les Européens et seulement 4 pour les Chinois.

Sans coordination internationale les politiques environnementales de chaque pays n’apporteront pas les réponses cohérentes à la lutte contre les changements climatiques. Seule l’ONU peur apporter cette réponse indispensable.

Sarkozy, Borloo, Jouanno feraient mieux de renforcer les prérogatives de l’ONU plutôt que de dénoncer une soi-disant mauvaise gouvernance qu’ils initient eux-mêmes. Les Etats-Unis, l’Europe et la France feraient mieux de parler d’une même voix en faisant des propositions crédibles s’ils souhaitent vraiment que les pays émergents, Chine, Inde et Brésil, s’engagent à leurs côtés.

Force est de constater que l’accord imposé par quelques pays développés ne sera jamais ratifié par les pays en voie de développement. L’arrogance des pays riches est à la hauteur de l’échec de Copenhague : énorme. Tout comme leur irresponsabilité.

L’accord de Copenhague n’est rien d’autre que de la rhétorique de riches.

Cécile Duflot invitée du journal de 13h de TF1 le samedi 19 décembre


L’échec des États-nations à Copenhague par Denis Baupin

Le spectacle donné par les « leaders mondiaux » est tout simplement consternant.

Certes, tout ces derniers jours, voire même ces derniers mois, indiquait qu’on allait droit dans le mur. Mais, paradoxalement, l’absurdité du processus, le caractère irrationnel des postures prises, pouvaient laisser penser qu’il s’agissait d’une mise en scène, une dramatisation destinée à permettre à ces « grands leaders » de mettre sur la table une proposition nouvelle leur donnant l’image de sauveur du monde ! Il n’en était malheureusement rien. C’était bien de la pure irresponsabilité.
Action de Greenpeace au dîner des chefs d’État (17/12)

Les pays riches pourront bien tenter de faire porter le chapeau aux pays en développement (voire aux plus riches d’entre eux, les pays émergents), rien ne pourra camoufler que c’est bien leur incapacité à assurer le leadership dont ils se prévalent qui a conduit à l’échec.

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Copenhague : un accord pour sauver la face, pas le climat par Pascal Canfin

Copenhague est-il un échec ?

Oui. La déclaration finale est plus un accord pour sauver la face qu’un accord pour sauver la planète. La volonté affichée est de limiter le réchauffement climatique à plus de 2 degrés, seuil considéré par la GIEC comme la limite à partir de laquelle le déréglement climatique s’emballe et produira des effets catastrophiques. Mais aucune des mesures qui permettraient d’y parvenir n’a été prise : pas de contraintes, pas d’objectifs de réduction à la hauteur des préconisations du GIEC, pas de système de contrôle des engagements nationaux, etc. L’argent promis aux pays pauvres est une bonne nouvelle mais les sommets internationaux se sont trop souvent conclus par des promesses de dons qui ne se réalisent jamais pour se réjouir trop tôt. Par ailleurs, les engagements pris pour les trois prochaines années ne constituent pas forcément de l’argent frais mais provient d’argent recyclé déjà promis dans les budgets d’aide au développement.

L’Europe et Nicolas Sarkozy ont-ils fait tout ce qu’ils pouvaient ?

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Communiqué de presse : Un accord de dupes ! par Yannick JADOT

Copenhague, le 19 décembre 2009 – Yannick Jadot, au nom des députés européens Europe Ecologie présents à Copenhague, réagit aux dernières annonces au Sommet du Climat :

« Les dirigeants des grands pays ont échoué lamentablement. Et plutôt que d’assumer leur échec devant les pays les plus vulnérables qui n’ont pas pris part aux discussions finales, ils sont partis par la petite porte. Pas de photo de famille. Pire : ils nous font croire à un « succès » en mentant à l’opinion publique.

Ainsi Nicolas Sarkozy a, pendant sa conférence de presse, déclaré que l’ « Accord de Copenhague » est un « succès » car, par exemple, il deviendra juridiquement contraignant en 2010. Faux. L’ « Accord de Copenhague » ne dit rien là-dessus. Idem pour la prétendue affectation des financements pour les forêts ou l’Afrique. Quant à une Organisation Européenne de l’Environnement, elle existe déjà et s’appelle l’Agence Européenne de l’Environnement. Et les fonds nouveaux promis aux pays les plus pauvres ne sont pas garantis : l’aide pour les trois prochaines années sera allègrement prise sur l’aide au développement actuelle.

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